La 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations est désormais un souvenir depuis le dimanche 11 février 2024, marqué par le sacre de la Côte d’Ivoire, pays hôte, qui a réussi à reproduire l’exploit de l’Égypte, dernière équipe à l’avoir réalisé il y a 17 ans. Revenons sur le parcours des nouveaux champions d’Afrique.
Les Éléphants de Côte d’Ivoire, sous la direction du technicien français Jean-Louis Gasset, ont entamé une préparation XXL, couronnée par une dernière victoire écrasante contre la Sierra Leone 4-2. Tout était en place pour un départ en force des Ivoiriens dans le groupe A, aux côtés de la Guinée équatoriale, du Nigeria et de la Guinée-Bissau.
C’est avec cette dernière que les hostilités ont débuté le 13 janvier 2024, dans le magnifique stade d’Ebimpé, construit à grands frais pour la réussite assurée de la CAN. Les Ivoiriens ont affronté les Djurtus de la Guinée-Bissau et ont remporté le match 2-0, bien que leur jeu n’ait pas convaincu. Des questions se sont posées quant au spectacle peu reluisant produit par les coéquipiers de Seko Fofana, premier buteur de cette 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations.
Le deuxième match de poule a été une véritable opposition de style entre le Nigeria, tenu en échec par la Guinée équatoriale 1-1 lors de son premier match, et la Côte d’Ivoire, vainqueur mais peu convaincante dans le jeu. Dans un match qui ressemblait à une finale, les Super Eagles du Nigeria l’ont emporté sur le score étriqué de 1-0. Jean-Louis Gasset, sous pression, était déjà critiqué par le peuple ivoirien, doutant sérieusement de sa capacité à mener les Ivoiriens au second tour. Mais nombreux étaient ceux qui ignoraient que la descente aux enfers de Gasset avait commencé dès ce match perdu face au Nigeria.
Le samedi 22 janvier 2024, la Côte d’Ivoire jouait sa qualification face à la Guinée équatoriale, avec un public vigilant et Gasset jouant sa survie dans ce match crucial pour le pays organisateur. Le malheur s’est abattu sur la Côte d’Ivoire ce jour-là : au coup de sifflet final, le tableau d’affichage affichait Côte d’Ivoire zéro, Guinée équatoriale quatre. Le stade d’Ebimpé était devenu glacial, les supporters peinaient à quitter le stade, submergés par l’humiliation, les pleurs, la rage et la stupéfaction. La déception était visible partout en Côte d’Ivoire. Ce fut un samedi noir, un samedi cauchemardesque pour un peuple contraint au silence et abattu par cette défaite sévère infligée par le Nzalang Nacional. Des mesures draconiennes s’imposaient pour sauver l’éléphant de l’abîme, la Fédération ivoirienne de football contraignit Jean-Louis Gasset à démissionner.
Emerse Faé devint alors le nouvel homme fort de l’équipe, avec comme adjoint Guy Demel, vainqueur de la CAN 2015 et consultant pour Canal Plus, sollicité en urgence pour aider l’ancien Niçois Faé dans sa mission. Dans une situation improbable, la Côte d’Ivoire parvint à se qualifier pour les huitièmes de finale en terminant dernier meilleur troisième. Comme le Christ dans la Bible, il fallut 72 heures à la Côte d’Ivoire pour ressusciter. Le plus dur était passé, et une nouvelle ère commençait sous la direction d’Emerse Faé.
Le lundi 29 janvier 2024, la Côte d’Ivoire, pas encore sortie de ses difficultés, affronta le champion en titre, le Sénégal, en huitièmes de finale. Emerse Faé fit des choix audacieux en faisant confiance à deux joueurs mis de côté par Gasset, Jean Michel Seri et Max Alain Gradel. La Côte d’Ivoire non seulement tint tête au champion en titre, concédant un match nul 1-1 à la fin du temps réglementaire, mais elle le battit aux tirs au but 5-4. La Côte d’Ivoire était bel et bien ressuscitée ; le champion en titre avait chuté face à une équipe galvanisée mentalement par Emerse Faé. La joie était immense dans tout le pays, de San Pédro à Yamoussoukro, en passant par Bouaké et Korhogo. La Côte d’Ivoire avait créé la sensation, l’espoir renaissait sous la nouvelle impulsion de Faé.
Le samedi 3 février 2024, les Éléphants, sur une bonne lancée, rencontrèrent les Aigles du Mali en quart de finale. Dans un scénario digne d’un film hollywoodien, la Côte d’Ivoire, menée et réduite à dix depuis la première période, réalisa un miracle en renversant le Mali dans les ultimes secondes de la prolongation pour l’emporter 2-1. Cette équipe faisait preuve d’une résilience et d’un esprit d’équipe remarquables, se qualifiant pour le dernier carré.
En demi-finale contre la RD Congo, la maturité de cette équipe ivoirienne suscita l’admiration. Dans un match qu’ils maîtrisèrent, les Éléphants l’emportèrent 1-0, un score largement suffisant pour les envoyer en finale.
En finale, face au Nigeria, les retrouvailles après le match de poule, la Côte d’Ivoire, dans une revanche attendue, tint toutes ses promesses. Dominateurs dans tous les compartiments du jeu, ils l’emportèrent sur le score de 2-1 au coup de sifflet final. Un scénario incroyable, de zéro à héros, célébrés partout, la coupe ne bougea pas, restant à Babi. La Côte d’Ivoire décrochait ainsi sa troisième étoile après tant d’émotions, d’efforts, mais surtout grâce à une résilience et un esprit d’équipe remarquables. Un scénario simplement inimaginable !