Récipiendaire du prix Marc-Vivien Foe, au titre de meilleur joueur africain de Ligue 1 pour la saison 2012-2013, Pierre-Emerick Aubameyang a accordé une interview à nos confrères de l’Hexagone.
Quel est votre sentiment à l’heure de recevoir ce prix ? Vous êtes le meilleur footballeur africain de Ligue 1 et succédez à Marouane Chamack, Gervinho et Younès Belhanda.
Pierre-Emerick Aubameyang : C’est un premier aboutissement. C’est quelque chose de gros. Il y a beaucoup d’Africains dans le championnat qui ont fait une belle saison. C’est une belle récompense. Ça me donne envie de me surpasser et d’aller pourquoi pas un jour vers le Ballon d’Or africain.
Comme vous, beaucoup de joueurs africains naissent en France, vivent et jouent en France. Quel est la part de l’Africain en vous ?
J’ai été éduqué à l’africaine par mon père. Il ne faut jamais oublier ses racines, jamais oublier sa famille.
Meilleur total de buts (21), meilleur total de passes décisives (15) toutes compétitions confondues, vous réalisez votre saison la plus complète ?
Je suis heureux de faire cette saison et de confirmer celle de l’année dernière. J’espère qu’il y en aura d’autres et aussi des meilleures.
Quel est le plus beau but que vous ayez marqué cette saison ?
Le but face à Montpellier. Il y avait de l’inspiration et de l’insouciance. Un peu à la façon Madjer (international Algérien qui avait marqué un but d’une talonnade, ndlr) mais remanié.
Cette année, vous avez déjà eu la joie de brandir un trophée avec la Coupe de la Ligue. Le premier trophée de votre carrière en club et la première récompense pour Saint-Etienne depuis 1981. Quel est votre sentiment ?
Je suis super content. Il y avait une grosse attente, nous avons réussi à aller au bout de notre envie et nous avons finalement été récompensés car nous avons une très belle équipe et un super état d’esprit dans le quotidien. Je crois que c’est mérité.
Pouvez-vous nous dire un mot sur votre relation et sur votre travail avec votre entraîneur, Christophe Galtier. En quoi vous a-t-il fait progresser ?
C’est quelqu’un qui m’a transformé. Il m’a appris beaucoup de choses, notamment le travail devant le but. Il m’a fait prendre conscience que j’étais un joueur polyvalent. Il a su me repositionner au bon moment. Je ne l’oublierai jamais.
À 23 ans, vous avez déjà pas mal bourlingué : France, Italie, Colombie. Parfois pour suivre votre père. Parfois pour votre propre carrière. En quoi ces voyages vous aident-ils dans votre carrière de joueur pro ?
J’ai appris beaucoup de choses au niveau des cultures. Du coup j’ai aussi appris des langues et ce sera un avantage pour le jour ou je devrais m’exiler dans un autre club à l’étranger. Au moins j’aurai déjà ça.
Votre complicité sur et en-dehors du terrain avec des joueurs comme Max Gradel ou Josuha Guilavogui a-t-elle été importante dans votre réussite à Saint-Etienne ?
Oui c’est clair cela a facilité les choses. Ce sont des supers gars qui m’ont permis d’être à l’aise et de me sentir bien au quotidien. De l’extérieur on ne s’en rend pas vraiment compte, mais de l’intérieur c’est vraiment plaisant à vivre.
Comment s’est passé votre association avec Brandao ?
Brandao c’est un mec super marrant et c’est même l’élément déclencheur de cette super saison. C’est une machine à gagner et c’est important, quand on veut progresser, de côtoyer de tels personnages qui sont capables de vous apprendre des choses.
Quel le club et le joueur qui vous font le plus rêver ?
Sans hésitation : Ronaldo. J’ai eu la chance de le côtoyer au Milan AC. C’est pour moi le joueur le plus complet avec Cristiano Ronaldo qui fait de très belles choses en ce moment.
Mon rêve c’est de jouer au Real Madrid un jour, d’autant plus que ma mère est espagnole.
Le PSG vient d’être sacré champion de France. Que vous inspire ce club ?
C’est une très belle équipe. Je l’ai même supporté en Ligue des champions. Ils ont fait du bon boulot. Ils ont assumé leur statut de favori. Cela va permettre au championnat français de plus se montrer car je pense qu’il est un peu trop sous-estimé. Cela reste un championnat très difficile. C’est vraiment une bonne chose pour la Ligue 1 que d’avoir le PSG à ce niveau.
Est-ce que vous pensez que c’est le début d’une longue dynastie ?
On verra bien, mais j’espère que d’autres clubs français suivront leur exemple. Mais cela reste des humains, il ne faut pas l’oublier. C’est certain qu’ils vont gagner encore pendant quelques années, mais j’espère qu’il y aura d’autres joueurs qui en feront autant.
Et de votre côté, comment voyez-vous votre avenir ? À Saint-Etienne ou ailleurs ?
La réflexion va être assez longue. Jouer une Coupe d’Europe (la Ligue Europa), cela peut être quelque chose de fort. Il va falloir que je prenne mon temps et ne pas vouloir partir la fleur au fusil. Il faut que je réfléchisse à tout cela et que je discute avec le club ce qui est le mieux pour moi.
Si j’étais amené à partir, je choisirais un club qui joue une coupe européenne, sinon autant rester à Saint-Étienne.
Vous êtes prêt mentalement à affronter la concurrence ?
Je suis prêt car j’ai déjà connu la concurrence, notamment lors de mon passage à Lille avec Hazard, Gervinho, De Melo. Pour moi aujourd’hui ce sont de grands joueurs. Après c’est à moi de bien travailler pour devenir un grand joueur.
Quand vous avez commencé votre carrière internationale avec le Gabon, vous étiez en équipe nationale avec votre frère (Willy) et votre père (Pierre). Est-ce que vous vivez les choses différemment depuis qu’ils ne sont plus avec vous ?
Forcément c’est différent, ce n’est plus la même chose. On voyageait ensemble, on faisait chambre commune. J’espère maintenant que mon frère reviendra de sa longue blessure aux deux tendons. J’ose espérer qu’il sera bientôt de retour en équipe nationale car c’est quelqu’un qui me connait bien et qui pourrait beaucoup nous apporter.
Pourquoi avoir choisi la sélection gabonaise ?
C’est un choix longuement réfléchi. Je voulais faire comme mon père, et je voulais aussi devenir un grand d’Afrique comme Samuel Eto’o et Didier Drogba. C’est mon choix et j’assume. Je n’ai aucun regret. J’aurais même pu choisir l’Espagne (rires) [sa mère est espagnole, ndlr.] !
Comment se sont passés les jours qui ont suivi votre tir au but manqué en quart de finale de la CAN 2012 à Libreville ? Vous sembliez inconsolable le soir de l’élimination face au Mali.
Je m’en souviens très bien. J’étais peut être un peu trop confiant. Le gardien malien plongeait toujours du même côté. Mais là, il a changé ! J’ai été obligé de digérer très vite cet échec car je retrouvais Saint-Étienne juste après. Mais cette CAN au Gabon restera un beau moment de ma carrière. Cela reste un très gros souvenir de footballeur.
Le Gabon ne pourra très certainement pas se qualifier pour le Mondial 2014. Votre nouvel objectif avec votre sélection nationale sera dons la CAN 2015 au Maroc ? Vous avez envie d’un grand retour dans cette compétition ?
C’est sûr. On a les moyens d’ y aller. Ce serait un grand retour pour moi. J’espère vraiment que l’on sera présents.
Avec : RFI/FRANCE 24