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Dans une interview accordée à Football365.fr, l’international gabonais Rémy Ebanega, président de l’association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG), sociétaire du CA Bastia en National (France) brosse un bilan critique clairvoyant des méandres du football gabonais dont le championnat national est à l’arrêt depuis plus de sept mois. Le président de l’ANFPG y relève la situation de précarité des footballeurs jouant au Gabon dont les salaires demeurent toujours impayés par leurs clubs respectifs.

Passé par l’AJ Auxerre, aujourd’hui sociétaire du CA Bastia en National, le défenseur Rémy Ebanega a créé l’an dernier l’Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG) pour défendre les droits des joueurs locaux. Nous vous livrons l’intégralité de cette entretien.

Rémy, comment en êtes-vous venu à créer l’ANFPG ?

J’ai eu le temps de voir comment les choses se passaient dans les clubs au Gabon. J’ai été ramasseur de balle, puis footballeur. Imaginez que j’ai déjà signé un contrat vierge, avec juste mon nom ! J’ai eu la chance de partir faire mon métier en France. Mais tous les plus talentueux, même avec de la chance, ne peuvent pas sortir du pays.

Or, j’aimerais qu’il ne soit plus nécessaire de sortir pour faire une carrière de footballeur au Gabon. Ce syndicat a été créé pour cela, pour aider les footballeurs restés au Gabon à ne plus être victimes de certaines pratiques. On dit chez nous que pour aider quelqu’un, il ne faut pas lui donner du poisson tous les jours, mais plutôt lui apprendre à pécher.

N’y a-t-il pas déjà eu des tentatives d’organisation des footballeurs gabonais ?

En tout cas, aucune association n’existait quand j’étais plus jeune. Aucune aide n’était disponible. Les joueurs étaient livrés à eux-mêmes. En cas de problème, le joueur était isolé face à son club.

Or, depuis, la situation ne fait qu’empirer au Gabon. J’ai donc voulu combler ce vide. L’idée est née début 2014. J’ai fait appel à un ami doctorant en sciences du sport. On a travaillé sur les objectifs du syndicat, et rédigé les statuts avec des juristes.

Le Championnat gabonais ne se joue plus depuis plus de sept mois. Une date de reprise (le 21 mars) a été annoncée, mais on ne sait pas si les matchs vont bien se jouer. Comment en est-on arrivé là ?

La Fédération et la Ligue, la LINAF, savent exactement pourquoi il ne se joue pas. Notre premier souci, ce sont les joueurs. La LINAF a donné une date de reprise, mais sur quelle base ? Les joueurs ont regagné leurs clubs en juillet 2014. Depuis, ils travaillent, s’entraînent mais ne sont pas payés !

Quelles garanties la LINAF a-t-elle données pour régulariser la situation des footballeurs ? Aucune. Quelles garanties donnent-ils pour l’indemnisation des joueurs sur les arriérés dus ? Aucune. Ce que l’on veut, c’est donc régulariser la situation. Oui, on veut tous que le Championnat reprenne. Mais la reprise ne doit pas empêcher de régler les problèmes !

Le Gabon a-t-il les moyens d’avoir un Championnat professionnel ?

Le Championnat gabonais a les reins assez solides. Il est devenu professionnel car l’Etat s’est engagé à donner un « minimum salarial » pour chaque joueur engagé (400.000 FCFA). Les clubs ont mis tous le joueurs à 400.000 et détourné toutes les subventions.

Voilà la mentalité des clubs gabonais, et c’est cette mentalité que nous voulons combattre. Il ne faut pas un Champion dépendant de l’Etat. Le syndicat encourage un Championnat auto-suffisant. Aujourd’hui, il n’existe aucune règle qui régisse les relations entre les clubs, la Fédération et la LINAF. Chacun fait comme il veut. Nous souhaitons que les choses soient clarifiées à l’avenir.

Le Gabon n’est-il pas obligé de régler rapidement le problème, puisque le pays est candidat à l’organisation de la CAN 2017 ?

Au contraire, le Gabon peut toujours se porter candidat, et se servir de la candidature pour étouffer les problèmes. Nous essayons d’aller contre cette logique. La situation des clubs nuit au football gabonais.

Regardez la CAN 2015 : il n’y avait que deux joueurs locaux chez les Panthères. Ils sont moins compétitifs, les portes de l’équipe nationale se ferment, et cela freine leur progression de carrière, puisque la CAN permet de se montrer.

L’ANPFG existe depuis près d’un an. Quel bilan d’étape faites-vous ?

On a dépassé la centaine d’adhérents. Dans 8 des 14 clubs du Championnat, tous les joueurs sont devenus membres l’association. On travaille sur nos fonds propres, c’est donc difficile d’aller dans toutes les régions chercher des adhésions.

Nous sommes en train de mettre en place un réseau de correspondants. Notre objectif est d’avoir le maximum d’adhérents pour la date annoncée de reprise du Championnat.

Source : footafrica